Plongée dans une frénésie d'achats et investissements, l'entreprise de Sam Altman fait voler les milliards par centaines pour consolider sa position dans la course à une hypothétique IA générale, qui aspire à surpasser les capacités humaines. Dans cette optique, le créateur de ChatGPT assume de ne pas viser la rentabilité avant plusieurs années... mais cherche des gages de confiance du côté de l'administration Trump, via une possible garantie publique.
Sam Altman, PDG d'OpenAI, à Washington DC, le 22 juillet 2025 ( AFP / MANDEL NGAN )
"Développer l'IA la plus avancée nécessite des capacités de calcul massives et fiables". Début novembre, le fondateur d'OpenAI Sam Altman a dressé le panorama des investissements massifs de son entreprise sur le front de l'intelligence artificielle, qui s'élèvent à près de 1.400 milliards de dollars auprès des fournisseurs de cloud et de l'industrie des semi-conducteurs. Désormais, les grandes manoeuvres d'OpenAI pourraient se tourner vers le gouvernement américain, à en croire la directrice financière du groupe, Sarah Friar. La responsable du nouveau géant de l'IA souhaite ainsi que les Etats-Unis garantissent les emprunts qu'OpenAI doit contracter pour avoir accès à davantage de centres de données et de processeurs.
"Nous avons dans l'idée un écosystème composé de banques, de capital-investissement et peut-être même du gouvernement, qui peut avoir une influence" sur les conditions de ces crédits, a expliqué mercredi 5 novembre la dirigeante lors de la conférence WSJ Tech Live en Californie. Une garantie publique "pourrait vraiment réduire les coûts de financement", mais aussi le taux d'endettement, a insisté l'ancienne cadre de la banque Goldman Sachs.
OpenAI a pris, ces derniers mois, une série d'engagements auprès de fabricants de puces et d'acteurs de l'informatique à distance (cloud), dont Amazon et Nvidia, dont le total se monte aujourd'hui à plus de 1.400 milliards de dollars, étalés sur plusieurs années.
Un nombre croissant d'analystes et d'observateurs du marché s'interrogent sur la capacité du géniteur de ChatGPT à financer ces achats, la start-up visant, cette année, un chiffre d'affaires d'une dizaine de milliards de dollars seulement. En outre, OpenAI ne dégage pas de trésorerie et ne devrait pas être rentable avant 2029, avec des revenus projetés à 13 milliards de dollars environ cette année. "Je ne me focalise pas trop sur le moment où nous atteindrons l'équilibre" entre dépenses et revenus, a assuré Sarah Friar. "Je sais que si je le voulais" rapidement, "je pourrais y parvenir en ralentissant les investissements."
Face à la bulle, une garantie publique est-elle possible?
Reste que dans la bataille de l'IA générative, tous les grands noms du secteur sont engagés dans un cycle d'investissements colossaux, aucun d'entre eux n'envisageant de lever le pied.
A la différence d'OpenAI, beaucoup d'entre eux, de Google à Amazon en passant par Meta, sont des sociétés qui dégagent des bénéfices considérables. La garantie publique accordée à une entreprise est un phénomène rare aux Etats-Unis pour les grandes entreprises, les deux principaux exemples étant les établissements de crédit immobilier Fannie Mae et Freddie Mac. L'Etat fédéral garantit néanmoins de nombreux crédits à des PME via l'agence publique des petites entreprises (SBA). Lors de la crise financière de 2008, le gouvernement américain est intervenu pour stabiliser des banques et des constructeurs automobiles, mais ces grandes entreprises ne bénéficiaient pas de garantie publique formelle préalablement.
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